La crise va induire une vraie remise en perspective de notre mission dans les entreprises.

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C’est le constat que dresse Ronald Schmit d’Avantages Café. La situation très dégradée des dernières semaines va selon lui provoquer des changements de comportements dans les mois à venir, à la fois des consommateurs mais aussi des entreprises.

Food&coffeemarkets : Comment avez-vous abordé la logique de confinement ?

Ronald Schmit : Nous l’avons vécue comme beaucoup de confrères de manière « subite » sans véritablement avoir pu nous y préparer. Du jour au lendemain, les entreprises que nous servons ont fermé les portes de leurs locaux, décidé la mise en place de télétravail pour la quasi-partie de leurs collaborateurs. L’activité s’est arrêtée brutalement avec plus ou moins de « sauve qui peut » compte tenu de la soudaineté des annonces. Nous avons découvert dans les premiers jours des sites fermés, rendus inaccessibles aux personnels ou prestataires extérieurs. Il nous a fallu nous adapter au jour le jour et cette période a été particulièrement intense à vivre. 

F&CM : Comment avez-vous passé cette période ? 

R.S. : Nous nous sommes adaptés tant bien que mal en fonction des nouvelles recueillies chaque jour par nos équipes mais en quelques jours nous avions perdu une grande partie de l’activité. La question restait néanmoins de savoir comment nous réorganiser car rappelons-nous que les informations à date venaient au compte-goutte de la part des pouvoirs publics. Il a fallu travailler à redimensionner les équipes, les tâches de chacun en fonction de l’activité ou plutôt des prévisions d’activité qui elles aussi ont fluctué au fil du temps. Nous avons rapidement pris le parti de garder un nombre restreint de tournées opérationnelles pour répondre aux clients encore actifs sur les plateformes de distribution, dans les hôpitaux ou services publics restés ouverts. Nous avons travaillé à protéger nos personnels et équipes en activité en assurant un service quelque peu dégradé. Au final l’activité s’est contractée sur la période de près de 80%.

F&CM : Que vous a appris cette crise sanitaire ?

R.S. : LA première chose est qu’on ne peut prévoir l’imprévisible et que face à des situations exceptionnelles il faut réagir de la même manière. Nous nous sommes adaptés tant bien que mal et je dois remercier les équipes Avantages Café / Coffee’s Paris qui ont montré leur attachement à assurer coûte que coûte leur mission. A l’impossible nul n’est tenu, mais je dois reconnaître que nous avons cherché à rester solidaires des personnes encore actives, aux personnels soignants qui sont restés en première ligne, nous nous devions bien sûr de rester solidaires et de leur apporter au moins un bon café pendant cette période. Je crois par ailleurs que chacun reste attaché à la pause-café. Nous avons été rappelés, pendant ces dernières semaines par des sociétés, qui bien qu’au départ n’avaient pas souhaité nous voir intervenir sur leurs machines, ne pouvaient pas se passer de la pause en entreprise ce d’autant plus pendant une période stressante pour chacun. Je crois que la pause détente est fortement ancrée dans les habitudes de consommation et que nous aurons, nous professionnels de la distribution automatique, toujours un rôle à jouer. Enfin j’ai pu constater que la solidarité est encore une pratique française et nous entendons bien aussi la respecter vis-à-vis de nos fournisseurs

F&CM : Comment abordez-vous le déconfinement ?

R.S. : Avec prudence car si le déconfinement se met en place, il restera progressif. Nous avons pris le temps de dialoguer avec nos clients qui prévoient une réouverture partielle des sites mais avec d’extrêmes précautions. Certains réouvrent les salles de pause d’autres prévoient de les interdire. Notre difficulté reste de convaincre ces derniers malgré les protocoles officiels qui stipulent l’accès aux machines à café de bien vouloir laisser leur accès aux collaborateurs. Nous sommes bien trop souvent encore confrontés à des directives refusant la réouverture par précaution. Nous allons devoir nous organiser je le crois à une reprise progressive qui tient compte de cette réalité d’une part mais aussi du maintien du télétravail qui s’est mis en place et qui permet aux personnels de continuer pour un temps de rester chez eux. Notre activité s’opérant en région parisienne sur des sites majoritairement tertiaires il me semble que la reprise s’effectuera donc dans un temps long que nous devons prendre en compte dans nos prévisions. 

F&CM : Selon vous les consommateurs et les clients sont-ils prêts à retourner aux machines ?

R.S. : Les clients comme évoqué, restent extrêmement prudents et précautionneux malgré notre capacité à fournir des solutions de gestes barrière à proximité des automates. Les consommateurs vont inévitablement avoir besoin de moments de pause tout en restant dans l’entreprise. La machine à café va devenir un moment souhaité pour faire un break dans un climat de travail là encore très particulier. Je crois que si nous proposons la mise en place de procédures favorisant les gestes barrière, ils reviendront naturellement prendre un café, une boisson gourmande, un snack. Reste en suspens, la vitesse de reprise des collaborateurs qui garantit pour nous une reprise d’un certain volume des consommations. 

F&CM : Quelles sont vos prévisions d’activité d’ici la fin de l’année ?

R.S. : Nous travaillons à l’heure actuelle au gré des informations quotidiennes qui nous arrivent. Le déconfinement est une nouvelle étape et il conviendra dans les semaines à venir d’en apprécier la portée. Pour autant je crois profondément qu’en termes de volant de consommation, la reprise va s’opérer de manière très graduelle. Plus encore on peut naturellement se poser la question quant à savoir l’impact qu’aura demain le télétravail qui s’est mis en place durant la période de confinement. La crise que nous traversons va induire une vraie remise en perspective de notre mission dans les entreprises. Je crois qu’un retour à l’avant Covid est utopique. Nous allons devoir nous adapter encore une fois aux nouvelles habitudes de travail comme de consommation qui se sont mises en place. Il conviendra rapidement de faire un état des lieux afin de « piloter » au mieux nos entreprises de distribution automatique car de cette reprise dépendra il ne faut pas s’en cacher, le niveau de trésorerie de chacun des professionnels. Il est à souhaiter que d’ici la fin de l’année, nous puissions retrouver au moins 80% du niveau d’activité que nous connaissions auparavant.

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