Wolfgang Schwartzenberger reste lucide et confiant quant à l’impact du Covid-19 sur l’activité. Dallmayr qui opère sur une grande moitié Est de l’hexagone mais également sur le Luxembourg et la Belgique a maintenu malgré l’exposition sur les zones sensibles, la poursuite de l’activité. Selon lui le retour de l’activité se fera au dernier trimestre de l’année mais impactera la profession.

Food&coffeemarkets : Comment Dallmayr a-t-elle vécu le confinement ?

Wolfgang Schwartzenberger : Comme tous les gestionnaires de DA, nous avons été durement touchés par des sites fermés, des DA condamnés, et un télétravail massif. Passé le choc de l’annonce, nous avons agi pour continuer notre activité. Nous n’avons jamais cessé le service, même si l’activité était bien entendu réduite. Tous les services ont été mis à contribution pour gérer au mieux, ensemble, cette situation inédite. Nous avons bien évidemment veillé avant tout à garantir la sécurité de notre personnel et de nos clients. Je suis notamment très fier de nos collaborateurs qui ont continué l’approvisionnement dans les hôpitaux, les cliniques, parfois dans les zones les plus touchées comme Mulhouse.

F&CM : Comment avez-vous passé cette période concrètement ? La perte de chiffre d’affaires a-t-elle été importante et similaire dans les différentes régions où vous êtes présents ?

W.S. : Dallmayr Vending & Office est surtout présent sur la façade Est de la France, et nous couvrons notamment les Hauts-de-France, l’Ile-de-France, le Grand Est… les régions qui ont été les plus sévèrement meurtries par le Covid-19. La perte de CA a été environ de 70% en avril 2020 (vs avril 2019) sur la zone France/Luxembourg/Belgique. Les régions les plus impactées sont Paris et le Luxembourg avec des clients représentant principalement des sièges de sociétés qui ont eu un recours massif au télétravail et ou la part de l’industrie reste minoritaire. Nous avons tenu bon et poursuivi l’activité autant que faire se peut. Dallmayr est une société familiale qui date de 1700 et, si je puis dire, « on en a vu d’autres… », comme d’autres torréfacteurs historiques. Nous avons surmonté des épreuves, des crises, des guerres par le passé, et nous en sommes ressortis plus forts, et surtout armés d’une plus grande expérience et qui plus est, notre maison-mère, à Munich, a une solidité financière qui nous permet d’appréhender l’avenir avec confiance. Notre trésorerie, en plus des aides étatiques liées au chômage technique, va nous permettre de « passer la crise » et nous pouvons penser à la suite de notre développement.

F&CM : Selon vous, les consommateurs et les clients sont-ils prêts à retourner aux machines ?

W.S. : La question est double et je crois qu’il faut faire le distinguo entre les clients et les consommateurs. Nos clients ont parfois été réticents à nous redonner accès aux machines, arguant qu’ils avaient d’autres sujets plus importants à gérer ou qu’ils craignaient la propagation du virus via cet espace de pause. Nous avons dû faire preuve de pédagogie (les DA ne sont pas plus vecteurs de propagation du virus qu’un DAB ou un photocopieur) et les accompagner pour les aider à mettre en place un espace sécurisé et agréable. La communication est essentielle, et je dois me réjouir de la solidarité entre tous les gestionnaires, unis par un même but.

Côté consommateurs, nous n’avons pas, en général, ressenti autant de réserve que chez les clients ; bien au contraire, ils sont en demande d’une pause agréable. Il ne faut pas l’abandonner, mais simplement redéfinir son cadre. Au travers de nos 21 agences, nous avons la chance d’être proches de nos clients, et nous pouvons ainsi leur proposer des solutions sur mesure, afin de réinstaurer un climat de confiance, indispensable pour une pause réussie. Chaque mois, nous regagnons plus ou moins 10% de chiffre d’affaires.

F&CM : Quelles sont vos prévisions d’activité d’ici la fin de l’année et votre sentiment sur le devenir du métier ?

W.S. :  La crise va laisser derrière elle des gestionnaires dans des situations critiques, et les cartes vont être redistribuées, avec d’autres acteurs importants sur le marché. L’été va être une période calme, plutôt creuse, et je pense que les choses vont reprendre progressivement à la rentrée, sous réserve qu’on ne subisse pas de deuxième vague. Le retour au « business as usual » va prendre du temps, nous connaissons un véritable changement de paradigme, mais nous sommes capables de nous adapter et pouvons avoir confiance pour l’avenir.

F&CM : Dallmayr est aujourd’hui présente sur nombre de marchés européens, les problématiques et réactions ont-elles été identiques d’un pays à un autre ?

W.S :  Je suis en lien constant avec notre siège à Munich et les autres gérants par visioconférences. Partout, malgré une activité réduite, nous avons continué le service sur nos marchés. Le degré de préparation des États et leur gestion de la crise ont été assez différents selon les pays, et cela a eu un impact sur le comportement des consommateurs, ce à quoi doit s’ajouter des spécificités culturelles (discipline, etc.). Ainsi, par exemple, au Luxembourg, bien que le pays soit petit, le Gouvernement s’est montré extrêmement professionnel et réactif dans sa gestion du Covid-19, avec des communications en minimum 3 langues ! En Allemagne, une baisse de 3 points de la TVA a été décrétée jusque fin 2020, dans le cadre d’un plan de relance de 130 milliards d’Euros. A l’inverse, des messages parfois contradictoires des autorités françaises ont pu parfois nuire à notre profession, mais cela a été corrigé depuis avec la rédaction d’un protocole de déconfinement national.

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