Comme tous les professionnels Dallmayr a dû affronter les affres de la perte des consommations sur les sites de vending. Pour autant le groupe présent sur différents marchés européens dont la France, a su faire face et reste ancré sur une vision positive de la reprise en se concentrant sur ses fondamentaux comme nous l’explique Wofgang Schwartzenberger son Directeur Général pour l’offre vending en France et en Allemagne 

food&coffeemarkets : Comment Dallmayr a-t-il vécu la pandémie Covid sur le marché français ? La situation est-elle globalement identique sur l’ensemble de vos marchés ?

Wolfgang Schwartzenberger : Comme tous les gestionnaires, nous avons souffert de la pandémie, et on peut dire que cela a été aussi le cas dans les autres pays où Dallmayr a développé une activité vending.

Les DA condamnés, les machines délaissées car considérées comme vecteur de propagation du virus, sans parler du télétravail… tous ces éléments ont eu un impact négatif sur notre secteur. Plus précisément, c’est à Paris que le home office a fait le plus de mal.

Heureusement, depuis peu, même s’il reste recommandé, le télétravail n’est plus obligatoire, et c’est une bonne nouvelle !

Par ailleurs, dans certaines régions, nos clients ont dû mettre en place des mesures de chômage partiel (ex. secteur automobile et sous-traitants), par manque de pièces de production, et cela s’est traduit par une baisse d’activité chez nous.

De manière générale, je crois que l’ensemble de la profession est bien conscient que les niveaux de consommation post-Covid ne seront définitivement plus les mêmes qu’avant.

food&coffeemarkets : Peut-on parler de reprise aujourd’hui ? Comment prévoyez-vous la remontée de l’activité ?

W.S. : Pour vous parler des temps futurs, revenons quelques instants sur les deux dernières années. Je crois qu’on peut parler d’un réel changement de paradigme.

La pandémie nous a rappelé une chose fondamentale, c’est que nous devons sans cesse nous adapter, rester réactifs et agiles.

Les vagues successives de Covid, imprévisibles, limitaient toute visibilité et nous empêchaient de planifier de manière certaine, mais nous avons su maintenir le cap.

Notre maison-mère à Munich a fait le choix de ne pas demander de PGE (Prêt Garanti par l’Etat) et a su montrer sa résilience au milieu de la tempête. Le soutien de Munich a été plus précieux que jamais : c’est une entreprise familiale, ancrée dans l’histoire et aux reins solides financièrement parlant.

Cela nous a permis de mener une politique d’investissement anticyclique : au plus fort de la crise, nous avons continué d’investir (+10% entre 2019 et 2020, +20% entre 2020 et 2021).

Aussi, aujourd’hui, je suis confiant. D’après nos premiers résultats de 2022, on peut s’attendre globalement à retrouver le niveau d’avant la pandémie.

Il faut dire que nous avons gagné de nouveaux marchés, et des prospects, déçus du service a minima voire inexistant fourni par certains confrères, se sont tournés vers nous, afin de retrouver un partenaire de confiance.

food&coffeemarkets : Le groupe Dallmayr a-t-il souffert de la crise sur l’ensemble de ses activités ?

W.S. : Au niveau du groupe, en Allemagne notamment, la division CHR, avec la fermeture des restaurants et des bars, a été évidemment très lourdement impactée. Les livraisons de thé et de café aux cafés-hôtels-restaurants sont pratiquement tombées à zéro au printemps 2020.

En revanche, la consommation à la maison, elle, a bondi, et nous avons même enregistré des ventes record. Ce sont surtout les exportations qui ont connu une très belle progression, notamment en Pologne, dans les pays baltes, en Russie, ainsi qu’en Autriche.

La fermeture des magasins a incité les gens à se tourner davantage vers le commerce en ligne, alors même que les commerces alimentaires étaient restés ouverts. Notre boutique en ligne a été littéralement assaillie, et les ventes sur Amazon ont explosé.

Malgré toutes ces hausses de volumes et des nouveaux lancements de produits, le groupe Dallmayr a finalement dû essuyer un recul très net de son résultat. Mais il semble que nous voyons tous se dessiner une lueur à l’horizon.

food&coffeemarkets : Cette situation inédite vous semble-t-elle de nature à changer les perspectives de la profession ?

W.S. : Nous avons parlé du Covid, mais nous sommes confrontés à de nombreux autres défis, et non des moindres !

Comme vous le savez, après une hausse à 2,9% en janvier, l’Insee table sur une accélération de l’inflation en France jusqu’à 3,5% pour les mois à venir.

Nous subissons une augmentation extrême des prix du café vert, en raison de récoltes nettement plus faibles dans les grands pays producteurs de café (ex. le Brésil), ainsi que des pertes de récoltes, surtout pour les cafés Arabica. Quant aux autres produits de remplissage, comme les boissons froides ou les snacks, ils ont aussi fait l’objet d’augmentations tarifaires conséquentes. Sans parler des coûts d’emballage et des gobelets plus élevés, dans un contexte de raréfaction/suppression du plastique et de pénurie de papier.

Parallèlement, nous supportons une forte hausse des coûts d’acquisition des distributeurs automatiques, en raison de la pénurie d’approvisionnement et de normes environnementales plus strictes (ex. réglementation concernant les gaz réfrigérants).

Enfin, comme vous le savez, les prix dans le domaine du carburant et de l’énergie ont flambé, aussi nous sommes très impactés financièrement avant même d’être chez nos clients !

Côté clients, comme expliqué précédemment, le chiffre d’affaires a baissé suite aux mesures de lutte contre le Covid (télétravail), mais nos charges de service restent identiques. Par ailleurs, nous voyons les exigences de nos clients accrues en matière de durabilité : ils veulent des produits bio, labellisés Fairtrade… et cela aussi a un coût !

Nous avons donc été dans l’obligation de revaloriser nos prix de vente, en l’expliquant de manière la plus transparente possible à nos clients. Nous sommes conscients que le café reste un produit éminemment social, mais nous devons répercuter les hausses de prix, afin de continuer à assurer un service de qualité.

food&coffeemarkets : Quels sont les enseignements que vous tirez de la pandémie ?

W.S. : Tout d’abord, du côté de nos clients, la mise en place du télétravail de manière obligatoire a mis en lumière le rôle essentiel de la machine à café, et ce, à double titre. Celle-ci est non seulement pour les salariés, synonyme de plaisir de se retrouver ensemble, de partager de bons moments (ce qui manque cruellement en télétravail), mais l’interaction entre collègues, le « small talk », les échanges informels sans objectifs autour d’un café ont été clairement perçus par de nombreuses entreprises comme sources de valeur et de productivité. Sans parler du fait qu’ils permettent au groupe de rester soudé. 

Par ailleurs, dernièrement, avec la vague de contaminations dues au variant Omicron, nous avons eu de nombreux cas au sein de nos équipes, et avons dû constamment nous réorganiser.

Cela est éprouvant pour les équipes, j’en suis conscient, mais je veux profiter de l’occasion pour leur redire ma fierté : je suis fier de leur engagement et de leur faculté d’adaptation.

Notre force, chez Dallmayr, c’est le service client, comme vous le savez. Le fait d’avoir pu garder notre personnel durant toute cette période mouvementée, cela a été une chance, et je dirais même que cela nous a renforcés. Nous avons pu assurer une continuité de service, avec les mêmes équipes, auprès de nos clients. Cette stabilité compte beaucoup, tant en interne qu’auprès de nos clients. Chez Dallmayr, nous pouvons nous enorgueillir d’avoir une ancienneté moyenne élevée au sein de nos équipes : nos collaborateurs sont fidèles et attachés à notre maison. Nous le savions déjà, mais cela est apparu plus que jamais lors de la pandémie : notre métier est avant tout basé sur la relation de confiance et le service entre des hommes et des femmes. En d’autres termes : nos clients apprécient vraiment de retrouver le sourire de « leur » approvisionneur qui vient remplir la sacro-sainte machine à café ! Et je dois ajouter que les membres d’une équipe qui se connaissent bien et sont habitués à travailler ensemble peuvent déplacer des montagnes par des périodes difficiles et incertaines.

food&coffeemarkets : Selon vous le vending est-il appelé à se remettre en question et à se restructurer ?

W.S. : Suite à la pandémie et à la crise liée aux prix, une nouvelle situation concurrentielle voit le jour, dans laquelle nous sommes bien positionnés, je dois l’avouer. Nous pouvons compter sur de nombreux atouts : de bons produits et un large choix de cafés Dallmayr, notamment ; des équipes qualifiées et professionnelles ; l’appui de notre maison-mère Dallmayr. Certes les journées sont parfois longues et difficiles, mais il y a toujours un nouveau challenge à relever. En prévision de la fin de la pandémie, je ne dirais qu’une chose : on continue, la tête haute, avec conviction et enthousiasme. The show must go on !