Stéphane Grevet :  » Je reste et resterai un enfant de la DA « 

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Il est des figures qui traversent une profession et deviennent au fil des ans des témoins et repères. Stéphane Grevet est aujourd’hui l’un d’eux. Après 40 ans de bons et loyaux services ce dernier entame une retraite bien méritée. Nous avons tenu à partager avec lui son témoignage sur 40 ans auprès des opérateurs dont beaucoup sont devenus des amis mais également bénéficier de son expérience et de sa vision du métier.

FCM : Comment tombe-t-on dans le chaudron de la DA ?

Stéphane Grevet : Tout simplement par hasard en postulant à une petite annonce pour un poste de commercial qui m’a fait entrer très jeune chez Jede qui débutait son aventure sur le marché français. Voilà pour la petite histoire ! Plus sérieusement en rencontrant deux « figures » du métier qui ont su me donner ma chance et ont cru en moi. Elles m’ont permis l’une et l’autre de me révéler et trouver mon chemin. La première est le regretté Daniel Couteller alors en poste chez Jede. Nous avons démarré l’activité à deux et développé un courant d’affaires et un réseau de distributeurs avec complicité et succès face, à l’époque, aux majors qu’étaient Maxpax ou Klix. Lors de son départ pour un nouveau challenge chez Sankey – un fabricant d’automates anglais – je l’ai suivi et nous avons là encore reconstruit un business autour d’automates boissons chaudes et de modules add-on qui étroits, permettaient de compléter l’offre via les boissons fraîches. Lors de la reprise de Sankey par Wittenborg, Daniel Couteler s’est reporté sur les produits en introduisant sur le marché français la marque AM Food spécialisée dans les boissons et cafés gourmands. C’est à ce moment que j’ai été contacté par Guillaume Borione, autre grande figure du métier, pour rejoindre les équipes et l’aventure Zanussi. Je parle ici d’aventure car nous avions en face de nous un marché de constructeurs installés, et centrés autour du café instantané. Zanussi, pionnier du du café grain et expresso en Vending, est devenu Necta puis, après la fusion avec Wittenborg, N&W Global Vending que chacun connaît aujourd’hui sous la dénomination Groupe Evoca. Pour répondre plus simplement je suis « tombé » par hasard dans le métier et j’ai eu la chance de croiser deux personnages qui ont su me donner ma chance et m’accompagner. C’est rare et aujourd’hui encore je tiens à leur rendre hommage.

FCM :  En 40 ans on en voit des évolutions… Quelle est votre analyse sur l’évolution du métier ?

FCM : Il a évolué au rythme des besoins et des attentes des consommateurs et des clients, mais également grâce aux gestionnaires qui en sont la cheville ouvrière. Le métier est pour beaucoup une réussite d’indépendants qui ont su bâtir des sociétés reconnues, fortement implantées, et pour certains se regrouper ou former des groupes de tailles régionales voire nationale. J’ai eu la chance de rencontrer, d’accompagner des sociétés et des familles qui ont su faire évoluer leur activité, en nouant des relations franches, commerciales et, finalement amicales. Je vous parle de générations qui ont su gérer des transitions avec succès. C’est une chance que de l’avoir vécu et d’avoir pu y contribuer à mon niveau. La distribution automatique reste une activité de proximité par la nature même de la prestation de service qu’elle fournit. Elle est montée en gamme autour du café grain et de l’espresso et je crois que le groupe café Zanussi  est aujourd’hui une référence.. Aujourd’hui l’expertise Evoca sur les marchés des boissons chaudes en Vending mais aussi OCS et Horeca poursuit cet engagement initial. J’ai assisté à l’irruption du café expresso en Vending, à l’installation de l’OCS puis de l’Horeca et parallèlement au développement de l’offre snack puis food. Ces 40 ans ont aussi vu la concentration du marché autour de marques industrielles fortes, principalement italiennes avec, bien sûr, l’émergence d’Evoca en qualité de leader. Le métier a donc évolué mais je suis toujours étonné de la résilience de la profession. Malgré les épreuves comme l’Euro, le gobelet carton, l’interdiction des DA en milieu scolaire et plus récemment le Covid et l’irruption du télétravail… les opérateurs de gestion ont cette capacité à s’adapter et faire face pendant ces moments clés pour porter la prestation et répondre aux enjeux du marché. C’est à mon sens un des points forts de notre profession.

FCM : Peut-on parler d’une professionnalisation ? 

FCM :  Oui bien entendu. Il y encore trente ans le marché était en devenir mais il n’a échappé à personne que le nombre d’opérateurs s’est réduit au fil des ans. Le métier s’est naturellement complexifié car les attentes des consommateurs comme des clients sont de plus en plus précises. Les acteurs sont parallèlement montés en compétence et ont développé un savoir-faire qui pose désormais une barrière à l’entrée. Les investissements ne sont plus les mêmes, il faut aujourd’hui disposer d’une vraie maitrise technique et d’un accompagnement des équipes tout comme un suivi des clients. Le métier se digitalise fortement et c’est aussi une nouvelle frontière à savoir aborder dans l’exploitation notamment. Le métier de « gestionnaire » est un vrai métier qui nécessite toujours plus de compétences. Cela ne veut pas dire qu’il est fermé mais qu’il exige une maitrise plus forte à mon sens. Je vois aujourd’hui de nouvelles générations familiales aborder le métier avec de nouvelles pratiques, une vision peut être plus large et je ne peux que m’en réjouir car elles prennent le relais de leurs aînés et savent concilier tradition et conduite du changement, tout en abordant de manière nouvelle leur profession. Cette transition est à mon sens logique. J’ai eu l’opportunité de voir évoluer la distribution automatique dans ses offres, au travers des hommes et des équipes que j’ai eu le plaisir d’accompagner et je tiens aussi à leur rendre hommage. J’ai eu enfin le temps, ces derniers mois, de préparer mon départ avec Stephane Sterne qui me succède en tant que Directeur commercial et de saluer lors du dernier salon bien des clients, collègues et amis. 40 ans c’est une vie et une belle expérience professionnelle… Et je reste et resterai un enfant de la DA.