Le premier YouTubeur mondial, MrBeast, n’attaque pas le marché français par hasard. Avec 383 millions d’abonnés, Jimmy Donaldson orchestre depuis plusieurs mois une offensive méthodique dans l’Hexagone, combinant collaborations locales et lancement commercial de sa marque de chocolat Feastables. Une stratégie qui dépasse largement la communication digitale et qui illustre une mutation profonde du marketing agroalimentaire : les créateurs de contenus ne se contentent plus de promouvoir des marques, ils deviennent eux-mêmes marques — et producteurs.
Une offensive française pensée comme un lancement de produit
Détecteur de mensonges avec Mastu, dégustation avec FastGoodCuisine, création musicale avec Joyca : les apparitions répétées de MrBeast dans l’écosystème YouTube francophone ne relèvent pas du hasard. Elles constituent un dispositif de lancement structuré visant à installer Feastables dans l’esprit des consommateurs français.
Le chocolat devient ici un produit média. Chaque collaboration intègre la marque de façon visible, assumée, parfois même centrale dans le concept. L’opération dépasse le cadre du placement de produit classique pour s’inscrire dans une logique d’activation commerciale à grande échelle, pensée pour accompagner l’arrivée de Feastables en rayon.

Carrefour, premier point d’ancrage… et laboratoire grandeur nature
Le lancement français de Feastables a débuté dans les rayons du Carrefour de Chambourcy, dans le cadre d’un partenariat d’exclusivité de six mois. Pour l’enseigne, le choix est cohérent : produit accessible, positionnement “plaisir”, certification Fairtrade et fort potentiel de désirabilité auprès des jeunes générations.
Carrefour assume ici un rôle de distributeur-lanceur de tendances, en intégrant une marque née sur les plateformes sociales avant même qu’elle ne s’installe durablement dans les usages. Une démarche qui confirme que l’innovation produit passe désormais autant par la culture digitale que par les circuits traditionnels de l’agroalimentaire.
Feastables : un produit pensé pour l’impulsion
Au-delà du retail classique, Feastables présente un profil particulièrement intéressant pour la distribution automatique. Format tablette, marque immédiatement identifiable, forte notoriété auprès des moins de 30 ans, storytelling engagé : tous les marqueurs sont réunis pour en faire un produit capable d’animer efficacement les spires des distributeurs automatiques.
Si le lancement en France confirme son potentiel en GMS, l’étape suivante pourrait naturellement être le vending : gares, universités, espaces tertiaires, lieux de flux. Dans un marché en quête permanente de renouvellement de l’offre et de produits capables de générer de l’achat d’impulsion, une marque comme Feastables pourrait rapidement trouver sa place, notamment auprès d’une clientèle jeune, connectée et sensible aux marques incarnées.
Quand les influenceurs deviennent producteurs
Le cas Feastables illustre une rupture structurelle dans l’agroalimentaire. Les YouTubeurs et créateurs de contenus ne sont plus de simples prescripteurs. Ils conçoivent désormais leurs propres produits, maîtrisent leur narration, choisissent leurs circuits de distribution et imposent leur tempo aux industriels.
MrBeast ne vend pas seulement du chocolat. Il vend une vision : celle d’un produit “juste”, certifié Fairtrade, inscrit dans une démarche éthique cohérente avec ses engagements philanthropiques. Une approche qui vise explicitement à “faire changer les comportements des industriels et des consommateurs”, selon ses partenaires européens.
Une nouvelle équation pour les industriels et le vending
Pour les acteurs de la distribution automatique et de l’unattended food, cette évolution est stratégique. Elle pose plusieurs questions clés :
- comment intégrer des marques nées sur les réseaux sociaux dans des assortiments vending ?
- comment capitaliser sur leur puissance communautaire pour générer du trafic et de la rotation ?
- comment adapter les modèles économiques à des produits dont la valeur repose autant sur l’image que sur le prix ?
Si Feastables confirme son succès en France, il pourrait devenir un cas d’école : celui d’une marque “creator-driven” capable de passer du digital au linéaire… puis pourquoi pas du linéaire à la machine automatique.
Du contenu à la consommation
MrBeast vise clairement à s’imposer comme un acteur durable du marché alimentaire, et non comme une simple curiosité marketing. Son prochain défi ne sera pas seulement de battre Inoxtag en notoriété en France, mais de transformer l’essai commercial. Dans un contexte où le vending cherche à se réinventer, Feastables pourrait bien incarner une nouvelle génération de produits capables de réconcilier contenu, marque et visibilité… un cocktail idéal pour la vente en DA.







