« Nous devons prendre en compte les évolutions du marché »

0
860

C’est au sortir de ces deux années de Covid, le constat que dresse Thomas BERTRAND, directeur général de café Bibal. Les tensions économiques et politiques de même que les nouvelles organisations de travail vont influer selon lui sur le marché de l’offre de service café dont la distribution automatique. Une interview en toute franchise qui dresse les enjeux et les opportunités pour la filière.

food&coffeemarkets : Comment se traduit la sortie du Covid ? 

Thomas bertrand : Nous retrouvons fort heureusement un volant d’activité plus en phase avec ce qui nous connaissions avant les deux années de pandémie qui comme pour la plupart des professionnels nous ont naturellement impactés. La baisse de l’activité liée aux confinements, aux périodes de travail distanciel nous ont été préjudiciables, les entreprises limitant la présence de leurs personnels dans les bureaux et ce dans un contexte de respect des gestes barrière a fait souvent du tort à la machine à café. Il a fallu faire face dans un contexte de peur irrationnelle et surtout préserver nos personnels avec des plans de continuité malgré un faible niveau d’activité. Depuis le mois de janvier la situation revient à un niveau normal même s’il faut acter la mise en place de nouvelles organisations du travail qui à périmètre constant post Covid se traduit par un défaut de consommations. Nous avons néanmoins pris le temps de retravailler la structure de notre parc et de rechercher de nouvelles opportunités afin de préparer la reprise actuelle

food&coffeemarkets : Cette reprise s’effectue dans un contexte fortement inflationniste. Comment Bibal s’y confronte ?

Thomas Bertrand : Nous accusons aujourd’hui un double impact. Le premier est naturellement issu des 24 derniers mois qui ont désorganisé la production mondiale de même que le commerce international. Les cours du café se sont envolés compte tenu des récoltes en baisse liées au dérèglement climatique et au caractère cyclique de la fluctuation des volumes de production. A cela s’ajoute une envolée des coûts du transport maritime. D’autres matières premières ont connu des hausses significatives comme le cours du papier qui se répercute sur le gobelet carton par exemple. Les matières premières agricoles elles aussi sont implantées et le conflit en Ukraine qui a surgit ces derniers mois là encore va peser durablement sur ces dernières. Nous subissons indubitablement le contre coup de la situation et devant nous adapter afin d’assurer une continuité de l’activité. Nous avons cherché à prévoir en amont l’impact de ces phénomènes exogènes à l’activité elle-même en retravaillant notre mode d’organisation d’une part mais également en engageant autant que faire se peut un dialogue avec nos clients afin de répercuter ces hausses. Une action de long terme a été mise en place en concertation avec nos clients et partenaires en ce sens. Nous travaillons encore aujourd’hui au redéploiement de l’activité en relevant nos prix de vente mais également en facturant notre qualité de service. Une logique en toute transparence qui est acceptée car la marque Bibal est reconnue pour sa qualité et le sérieux de ses prestations.

food&coffeemarkets : Avez-vous constaté un changement des exigences des consommateurs et des clients ?

Thomas Bertrand : Je suis profondément convaincu que l’on ne ressort pas de deux ans de crise sanitaire sans qu’ils n’impactent pas la société et les usages. Prenez par exemple les modes d’organisation du travail. Qui aurait pu croire il y a deux ans que les entreprises allaient adopter le télétravail ? Il nous faut désormais prendre en compte cette donnée dans nos projections de consommation sur site d’une part et chercher à adapter nos process en interne. Il en va de même avec la digitalisation car la France a fait un bond numérique. L’usage des smartphones pour les paiements, des écrans de commande en sont le reflet. Il nous faut nous aussi adopter à mon sens ces pratiques dans notre quotidien. La digitalisation concerne également la distribution automatique. L’automate on-line est désormais une réalité qui dépasse le simple paiement par carte bancaire. Il doit permettre à la profession de gagner en réactivité, en gestion de la data qui est de plus en plus essentielle à notre quotidien d’opérateur de gestion. Le groupe Cafés Bibal travaille déjà sur ces sujets et opère de plus en plus d’automates autour de ces technologies afin de bonifier notre prestation de service et optimiser sa gestion autour de bonnes pratiques. Nous avons développé le projet AVA, une solution participative de supervision de l’activité qui simplifie notre quotidien de gestionnaire. Nous avons déjà les premiers retours très positifs des utilisateurs. Clairement c’es à nous de nous adapter à un monde en évolution. 

Ces tendances à plus de réactivité sont aussi salutaires pour nos clients et bien entendu le consommateur final/ il ne faut pas perdre de vue que ce dernier a lui aussi « subi » la crise et modifié la perception de son quotidien. Il apparait aujourd’hui qu’il est fortement attentif à la qualité des produits qu’il consomme, a fortiori de sa santé mais également de la dimension environnementale de ces derniers. Il est fort à parier que les habitudes de consommation vont évoluer et là encore, nous devons nous y adapter. Le café par exemple en est l’illustration. La montée en gamme que beaucoup commentent s’explique par le fait que de plus en plus de Français deviennent des amateurs avertis d’espresso. Preuve en est le développement des cafés de torréfactions locales ou régionales. Ces derniers expriment le souhait de connaître l’origine des produits qu’ils consomment. C’est une vraie opportunité pour qui sait la saisir. Nous avons pour notre part renforcé notre logique de sourcing et d’achat de café vert en allant directement nous approvisionner et connaître nos producteurs. Par ailleurs, nous restons attachés à une torréfaction respectant les méthodes artisanales sur notre site de Saint Aunes. Nous avons aussi ouvert nos boutiques de revente au siège social de l’entreprise mais également en plein cœur de Montpellier afin là encore de rapprocher notre marque régionale au plus proche de nos clients tout en travaillant notre présence sur le digital. C’est là tout l’enjeu de la marque Bibal que de pouvoir s’affirmer de manière large, de parler à ses clients et se trouver sur leurs lieux de vie ou de présence. Ce peut être en entreprise, en CHR, en boutique ou sur le web tout en leur garantissant des produits de qualité. Nous prenons en compte les évolutions du marché avec comme fil rouge un rendu de qualité tasse après tasse.