Fort d’un engagement RSE prononcé depuis plusieurs années Les Cafés Albert, torréfacteur vendéen basé à La Roche sur Yon, a poussé sa démarche en environnementale plus loin en devenant une « société à mission », la première sur le segment de la distribution automatique. Matthieu Tougeron nous explique la démarche qui la poussé à franchir le pas. 

FCM : Comment devient-on une société à mission ?

Matthieu Tougeron : Cette décision est le fruit d’un processus entamé déjà depuis plusieurs années chez Les Cafés Albert. Torréfacteur depuis 1948 nous opérions sur les marches du CHR puis de la GMS. Après avoir repris la conduite de l’activité en 2000 j’ai diversifié notre présence sur le marché de la distribution automatique mais également en ouvrant des boutiques sous l’enseigne La Maison Albert. Nous avons toujours pris le parti de nous différencier et de chercher à promouvoir plus qu’un café. En distribution automatique il me semblait plus judicieux de chercher à développer l’activité en proposant autre chose qu’un prix plus avantageux sur le Coca ou le Kinder Bueno ! Le café c’est avant tout de la convivialité, du partage et bien entendu un produit vivant que nous aimons faire déguster. Notre sensibilité de torréfacteur s’est traduite par une volonté de préserver les ressources café et de chercher à préserver une torréfaction responsable, respectueuse de produit, de sa transformation. Notre fibre environnementale s’est traduite par diverses politiques comme une démarche de certification d’agriculture biologique mais également un engagement dans le commerce équitable ce qui nous permet de garantir un produit qui prend en compte la préservation des sols, des pratiques qui placent l’humain et les producteurs au centre de notre démarche. Plus encore nous avons cherché à prendre en compte notre propre impact en termes d’activité et avons réalisé un bilan carbone qui nous a fait prendre conscience qu’il était également nécessaire de nous remettre en question au-delà du café au sens strict. Nous avons donc mis en place une démarche plus large et globale au sein de la société. Elle a commencé par des mesures simples comme l’écoconduite et la formation de nos équipes. Plus encore nous avons pris à bras le corps la gestion des déchets comme le gobelet carton mais également la collecte du marc à café. Cela peut paraître anodin pour un consommateur lambda mais chaque café consommé se traduit par un gobelets carton qui part à la poubelle ainsi que du marc de café à évacuer. Et lorsqu’on gère 900 automates et 1500 petites machines OCS cela conduit à générer des montagnes de déchets. Nous avons pris le parti de faire de ces « déchets » des ressources revalorisées. Nous avons avec notre fournisseur de gobelets invité une logique de collecte, de tri de broyage et de revalorisation. Une démarche proposée à nos clients qui reçoivent de manière périodique un rapport sur les produits collectés et une notation leur indiquant les efforts qu’ils ont effectué ce qui permet de les impliquer dans cette démarche. Il en va de même pour le marc de café. Aujourd’hui nous collectons près de 80 Tonnes par an et revalorisé via de la méthanisation auprès d’un agriculteur local. Le marocains collecté est transporté par camion biogaz et donné à l’exploitation vendéenne. C’est un circuit vertueux qui donne du sens à chaque tasse de café consommée. 

FCM : C’est donc un changement de cap

M.T. : Je crois plus que c’est une somme d’action qui induit le changement. Derrière l’ensemble de ces initiatives nous avons pris le réflexe de venir apporter un petit plus et pris goût à une démarche qui passe simplement notre activité première. Ceci nous a conduit à décider à aller au bout de notre démarche en adoptant le statut de société à mission. Comme vous pouvez le constater c’est une démarche qui s’est construite dans le temps et qui nous a permis de franchir le Rubicon.

FCM : Concrètement quelle est donc votre mission ?

M.T. : Elle découle d’une raison d’être que nous avons défini. Elle se résume à une profession de foi visant à imaginer les mondes du café de demain autour d’instants de convivialité tout en respectant les hommes et la planète ». C’est très large et ambitieux mais cela donne un sens à notre action et cela traduit un engagement plus global et quotidien. Nous avons pris le parti de développement notre activité dans un respects des personnes et de l’environnement. Aujourd’hui cette mission se répercute dans bien des aspects de la vie des Cafés Albert. Nous avons pris le temps de chercher à améliorer le quotidien de nos collaborateurs. Concrètement sur l’activité distribution automatique nous nous sommes organisés pour instaurer une semaine de 4 jours, a fixer un treizième mois et à mener une politique d’égalité et de respect de la diversité. Cela peut sembler audacieux mais je constate que la distribution est un métier sous tension en temps de main d’œuvre et qu’il est plus logique d’accompagner, former et valoriser nos collaborateurs que de chercher à en recruter de manière permanente de nouveaux. Cette approche nous la partageons et la cultivons au quotidien et je sais qu’elle est contagieuse car c’est désormais l’ensemble de nos équipes qui portent le projet et entendent le mener à bon port. Nous sommes du reste audit et accompagner dans nos démarches afin de suivre ces engagements. 

FCM : En quoi cela change-t-il votre activité ?

M.T. : Je crois que nous lui avons donné tout simplement un sens. Je constate que si les ambitions sont fortes et louables elles permettent de rendre le quotidien de chacun plus positif. Plus encore en donnant du sens on arrive aussi à partager notre vision. Offrir un mug c’est chercher à éviter de produire un déchet. Nous avons cessé de distribuer des gobelets sur nos approches OCS et au final nous avons fait de cette gêne initiale un bienfait qui va dans le bon sens. Je crois qu’il est possible de convaincre qu’il est possible de faire mieux dès lors que nous sommes capables de proposer des alternatives crédibles car nous transmettons une certaine éthique. Cette éthique nous avons cherché à la transmettre et la diffuser au sein de nos activités. Je crois finalement que nous avons cette capacité à initier le changement et convaincre nos clients et prospects qu’au-delà du prix d’un café, d’une boisson fraîche il faut aussi donner du sens à l’acte d’achat. Consommer autrement, consommer mieux reste finalement une question de bon sens. Le vending n’y échappe pas.