Nous devons garantir notre pérennité dans le temps

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Anne Caron avait témoigné dans les premiers mois du Covid sur la nécessité de faire face à la crise. Aujourd’hui son attention reste focalisée sur la nécessité de répondre de manière précise aux attentes des clients et consommateurs avec la même énergie

food&coffemarkets : Comment avez-vous « passé » les 18 derniers mois ?

Anne Caron : Comme beaucoup de professionnels avec la volonté de répondre à la situation inédite que nous traversions. La baisse d’activité a non seulement été importante mais également chaotique avec des périodes de forte baisse et des reprises lentes compte tenu du fait de la persistance des craintes face à de nouvelles vagues éventuelles qui se sont effectivement produites. Ce fut non seulement des périodes difficiles moralement, mais également en termes d’exploitation et conduite de l’activité. En effet l’effet télétravail a fortement affecté notre activité et je pense du reste que désormais il faudra compter sur un volant d’effectifs présentiels et non plus théorique compte tenu de son inévitable mise en place dans le temps

food&coffemarkets : Avez-vous néanmoins constaté une reprise réelle depuis la rentrée de septembre ? 

A.C. : Oui bien entendu mais elle fut progressive et encore subordonnée à un retour assez prudent des collaborateurs et ce notamment dans l’industrie tertiaire. Nous avions encore une volumétrie de consommation inférieure de 10% par rapport à notre référence de 2019 avant Covid. Un volume d’affaires dont nous avions pris le soin pendant la pandémie de travailler en profondeur par un redéploiement du parc d’une part, mais également la conquête de nouveaux clients et postes à hauteur de près du tiers du parc d’automates d’autre part. Cet effort était à mon sens essentiel et salutaire compte tenu de l’ampleur du recul d’activité et d’une anticipation de reprise dans le long terme. Il fallait néanmoins assurer les fondamentaux de la bonne marche de la société et donc générer un volant additionnel de chiffre d’affaires

food&coffemarkets : Quelle est aujourd’hui votre préoccupation face à la nouvelle vague épidémique ? 

A.C. :  Je crois qu’il va encore falloir prendre notre mal en patience et profiter encore une fois de cette période pour garder la tête froide en nous concentrant sur l’activité avant tout. En effet j’ai abordé la problématique du volant d’activité qui a périmètre constant a drastiquement baissé et ne reviendra à mon sens, pas aux niveaux que la profession a connu par le passé. Mais il n’a échappé à personne également la hausse des coûts d’exploitation et de gestion à laquelle nous devons faire face actuellement. L’année 2021 a vu le passage au gobelet carton qui a demandé un investissement pour adapter nos machines mais s’est aussi traduit par un coût additionnel sur l’achat même du gobelet carton dont le prix ne cesse d’augmenter. Par ailleurs 2022 s’annonce d’ores et déjà comme une année où le niveau des prix des produits et matières premières que nous utilisons au quotidien va connaître une vraie inflation. Cela impacte et impactera durablement notre rentabilité et nécessitera, même si nous l’avons déjà fait pour le gobelet carton, de discuter avec nos clients de l’impact de ces hausses sur nos prestations. C’est toujours très délicat mais c’est aujourd’hui nécessaire afin de faire face à la situation économique actuelle. Il en va de la pérennité de nos entreprises. 

food&coffemarkets : Pensez-vous que le consommateur comme le client sont réceptifs à cette approche ?

A.C. : Je le pense et ce même s’il est toujours délicat de venir expliquer des hausses de tarifs sur les prestations. Pour autant, chacun à conscience de la réalité de l’économie. Il ne se passe pas une journée sans que vous et moi entendions parler de pénuries mondiales sur certaines matières premières, sur des composants industriels ou semi finis. Les clients comme les consommateurs ne sont pas dupes et sont en mesure de comprendre la situation. Par ailleurs beaucoup sont en demande de transparence quitte à être de plus en plus exigeants sur le niveau de prestation demandé. La première des transparences est à mon sens un devoir d’honnêteté et d’explication quant à la situation dans laquelle nous nous trouvons. La distribution automatique a besoin et aura besoin de ressources pour répondre à l’ensemble des prestations qui lui sont demandées à la fois sur la qualité des produits et recettes proposés, la montée en gamme sur des labels éco responsables, le déploiement de solutions de paiement bancaires ou dématérialisées, des reporting plus systématiques et précis… La prestation de service qui est de plus en plus regardée, nécessite des moyens et des investissements qu’il nous faut assurer et assumer par sa juste valorisation au travers de nos prix de vente. Là se trouve notre premier levier de croissance afin de garantir une prestation de service auprès de nos clients et d’assurer une qualité des boissons et produits que nous leur apportons. Cette garantie au quotidien passe par une pérennité de nos entreprises dans le temps. Elle sera profitable à nos clients mais également aux consommateurs qui reviendront dans les entreprises et sur nos machines de vending et Horeca.