Martin Merling Directeur Général du Groupe Merling prend la parole dans Food & Coffee Markets de manière directe et simple. Le Covid a profondément changé la donne et la profession doit désormais prendre en compte ces changements. Si les deux dernières années ont affecté Le Groupe comme l’ensemble de la profession ce dernier a pris le temps de réfléchir à son développement et préparer « l’après ». Explications.
food&coffee markets : Il y a un peu plus de deux ans la France s’est confinée suite à l’apparition du Covid 19 dans l’hexagone, comment le Groupe Merling a-t-il réagi ?
Martin Merling : Face à cette situation incontrôlable, nous avons pris la décision de fermer notre entreprise et de suspendre l’ensemble de nos activités.
Il faut se rappeler qu’au mois de mars 2020, il était quasi impossible de se procurer des protections (masques, gants, gel). Cette sensation de ne pouvoir protéger nos collaborateurs et nos consommateurs a motivé notre prise de décision. D’autant plus que le milieu médical, prioritaire selon nous à l’acquisition de ces accessoires, était dans la même difficulté. L’entreprise a donc fermé ses portes le 17 mars 2020. Nous avons repris petit à petit nos activités, en faisant dans un 1er temps de la simple livraison de produits puis mi-avril nous reprenions notre activité de distribution automatique sur la base du volontariat.
food&coffee marketq : Le Groupe a-t-il souffert de la crise sur l’ensemble de ses activités ?
M.M. : Evidement nous avons ressenti et ressentons toujours ces effets sur nos différentes activités. Certaines s’en sont mieux sorties, la vente aux particuliers via nos boutiques ou notre service OCS qui a vu sa consommation s’accroître. Nos activités de DA et du CHR ont, elles, marqué le pas et essuyé les confinements, les contraintes du télétravail, les fermetures obligatoires. Notre résilience et nos croissances commerciales nous ont permis de retrouver fin 2021 un niveau de chiffre d’affaires supérieur à 2019 ; la consommation moyenne chez nos clients historiques ne retrouvant pas le rythme d’avant. Les nouvelles habitudes de consommations et le télétravail désormais encré freinant considérablement la consommation.
food&coffee markets : Vous n’êtes pas restés inactifs et avez engagé des chantiers sur la RSE, la restauration… quelles étaient vos motivations ?
M.M. : Notre motivation 1ère que nous avons tous eu dès la fermeture fut de sortir de cette crise plus fort que nous y étions rentrés. Pour cela, nous avons identifié des axes d’amélioration.
En 2019 avant la crise Covid et au moment du changement de gouvernance familiale, nous avions pour stratégie d’optimiser et de structurer notre Groupe. L’entreprise ayant connu des croissances fortes sur ces 10 dernières années, nous avions un besoin structurel fort.
Cette période, un peu hors du temps, nous a donc permis de mettre les 1ères pierres de cette stratégie. Dans un 2nd temps, nous avons commencé à améliorer nos process, à monter en compétence, à nous adapter aux nouvelles attentes. Nous nous sommes donc rapprochés d’entreprise telle que Auum pour apporter une solution alternative au gobelet plastique et à Too Good To Go pour que le gaspillage alimentaire soit éradiqué dans notre entreprise.
La restauration est venue dans un 3ème temps. Voyant les habitudes de consommation évoluer très rapidement, nous avons décidé de créer la marque Popina. Structure accompagnant les entreprises dans la mise en place pour leurs collaborateurs d’une solution de restauration saine et rapide. Nous avons ainsi développé une offre « comptoir » avec du personnel sur place et une offre « autonome » avec les frigos connectés.
food&coffee markets : Selon vous le monde d’après a-t-il évolué et quels enseignements tirez-vous de la pandémie ?
M.M. Les changements dans le monde de l’entreprise se sont accélérés avec cette pandémie.
La mise en place du télétravail, le flex office et surtout la relation au travail qui s’est considérablement transformée. Les enseignements sont clairs, si nous voulons rester un acteur dans le domaine il faut impérativement évoluer. Être acteur de ce changement.
Les décisionnaires dans nos domaines changent. Même si les CSE restent majoritairement nos interlocuteurs, nous voyons arrivés de nouveaux métiers prenant la main sur ces dossiers et surtout élargissant leurs attentes et leurs besoins. Les boissons chaudes et les confiseries ne suffisent plus, il y a un besoin d’accompagnement sur la mise en place globale d’espace de convivialité, c’est un véritable accompagnement du projet. C’est à mi-chemin entre les gestionnaires de la DA et les entreprises de Facility Management. C’est une réelle opportunité pour nos entreprises. C’est le moment d’amener une plus-value à nos métiers, de tirer notre profession par le haut.
food&coffee markets : Selon vous le vending, le CHR et plus largement les marchés hors domicile sont-ils appelés à se remettre en question ?
M.M. : Evidement nous le ressentons, notre système économique a été mis à mal et la vie d’avant est bien loin. Il y a d’un côté, les besoins primaires qui restent bien sûr les mêmes, qualité des produits et des services qu’il faut désormais associer à ce besoin nouveau de donner du sens dans ses prises de décisions, d’aller au-delà de l’offre initiale. Quelle valeur ajoutée pouvons-nous proposer ? Formations, accompagnements de projets, démarches RSE, proximité…
Et de l’autre, les baisses de consommations considérables (sur un périmètre constant) chez nos clients. On parle du télétravail qui a un impact sur la DA mais il en a également dans le milieu du CHR, on accorde moins de temps à la pause déjeuner, le repas dans une brasserie entre midi et 2 avec les collègues se fait de plus en plus rare.
J’ajouterai sur l’univers du CHR, la démultiplication des solutions de restauration à emporter ou en livraison qui, certes, a offert des opportunités de croissance à nos clients mais à contrario, fait baisser les consommations de boissons chaudes…difficilement « livrables ».
Vous l’aurez compris, il est important de se remettre en question.
Sans oublier les fondamentaux, nous devons impérativement trouver des alternatives et des leviers de croissance.
D’autant plus dans une période de forte inflation des prix que nous allons devoir impacter à notre tour malgré toutes les difficultés opérationnelles et commerciales que cela engendre dans le vending.
food&coffee markets : Popina est un nouveau champ de compétence dans vos activités, les frigos et cantines connectées sont-ils complémentaires ou appelés à venir remplacer une certaine partie de l’offre DA ?
M.M. : Le frigo connecté devient une extension du vending, un service supplémentaire. L’avantage de cette prestation est d’apporter une nouvelle offre produit permettant de toucher une typologie de consommateurs ne trouvant pas leur bonheur dans un DA. Cela permet également de répondre à ces nouvelles attentes, de produits frais, sains, non industriels.
food&coffee market : N’est-ce pas un métier (la restauration) différents du vending ?
M.M. C’est un métier complètement différent. Le choix des produits, la conception de l’offre, l’approche économique et la logistique sont complètement différents. La philosophie lors de la création de Popina était de développer la marque en parallèle de nos autres activités. Nous souhaitions conquérir un CA nouveau sans alourdir notre structure existante par des nouveaux process, des nouveaux métiers (nous avons créé une cuisine centrale de 400m2 dédiée à la création de nos produits Popina). Aujourd’hui les 15 collaborateurs travaillant pour cette nouvelle offre, ne travaillent que sur Popina. Cette activité nécessite davantage de souplesse et de dynamisme dans l’offre produits, la logique commerciale est, elle aussi, différente. Il y a cependant un point commun, le plaisir d’apporter un service de qualité à nos clients.