Apporter le bien manger en entreprise, une vocation qu’a adopté Victoria Benhaim, fondatrice d’i-lunch, devenu désormais Fraîche Cancan. Elle partage avec nous sa vision et la perpective qu’elle donne à son enseigne de foodtech.
Food&coffee Markets : Vous êtes une pionnière des offres de restauration alternative en entreprise, comment avez-vous abordé ce marché à l’origine ?
Victoria Benhaim : Ce qui m’anime, c’est d’améliorer le quotidien des Français. J’ai évolué quelque temps dans le domaine de la santé, j’ai pris conscience que l’alimentation était un réel enjeu pour prendre soin de soi. De nombreuses pathologies sont en partie ou directement liées à un déséquilibre alimentaire, qui s’illustre souvent au moment du déjeuner au travail. Les salariés s’orientent généralement vers la solution la plus simple, rapide et économique, avec des plats riches et/ou industriels. Bien manger sans se ruiner est clairement un défi. Face à ce constat, j’ai compris qu’il existait une réelle carence dans l’offre de restauration collective existante, qui ne valorisait alors pas, ou trop peu, les repas équilibrés, faits-maison et surtout, bons, car manger doit rester une expérience et un plaisir.
Personne ne s’était positionné avec une offre proposant des plats bons et sains quand j’ai lancé i-lunch, qui est récemment devenu Fraîche Cancan début avril. Les acteurs de la foodtech française se concentraient principalement sur le BtoC, il n’y avait pas de BtoB à l’époque. Tout était donc aligné pour positionner une offre disruptive, en phase avec les attentes des entreprises et de leurs collaborateurs afin d’apporter le mieux manger au travail. Ainsi, nous proposons depuis 2017 de bons repas, et nous mettons un point d’honneur à ce que la gourmandise soit au cœur de chaque plat pour ne pas lasser nos convives mais au contraire, toujours les régaler. Nous y apportons d’ailleurs un soin très particulier, cela se ressent notamment dans le choix des ingrédients que nous sélectionnons de qualité, en valorisant autant que possible les produits locaux et les circuits courts. Jusqu’au-boutiste dans tous les domaines et précurseur du nutri-score, nous avons développé un algorithme nous permettant de proposer des plats aussi savoureux qu’équilibrés, calculant ainsi les apports nutritionnels. Nous étions donc pionniers de cette mouvance de néo-restauration, avec un modèle viable qui s’est révélé rapidement rentable en régalant les salariés parisiens et plus généralement d’Île-de-France pour lutter contre les déserts culinaires qui sont de plus en plus nombreux dès qu’on s’éloigne de la capitale. Pour parfaire cette offre, nous avons été les premiers à intégrer les subventions employeurs que l’on retrouve dans les modèles de restauration collective plus traditionnels. Et pour aller plus loin dans nos engagements, nous avons aussi été les premiers à mettre en place une politique zéro déchet, et ce, depuis 2019. A ce jour, nous sommes la seule entreprise pouvant livrer ses convives en zéro déchet à une telle échelle.
En 2017, rien de similaire n’existait, j’avais tout à construire et je voulais faire les choses à mon image tout en répondant aux problématiques que j’avais observé pendant des années sans que des solutions n’aient été proposées. Fraîche Cancan, c’est le service que j’aurais aimé avoir pendant mes stages et au début de ma vie professionnelle. Maintenant que je l’ai créé, j’y mange tous les jours et pourtant je ne m’en lasse pas, et nos convives non plus, ce qui est une belle victoire à mes yeux. Manger bon et sain est devenu accessible avec Fraîche Cancan, et un plaisir plébiscité en entreprise.
Food&coffee Markets : Vous définissez-vous comme une foodtech ou une restauratrice ?
Victoria Benhaim : Dans l’expression foodtech, il y a la food, donc l’aspect restauration, et il y a la tech, car nos services reposent en partie sur des fondements technologiques. Notre démarche initiale est de nourrir nos convives avec des plats savoureux, sains, faits-maison, de saison, locaux quand c’est possible, zéro déchet, et dans une atmosphère conviviale. Par essence, nous sommes donc pleinement sur une démarche de restaurateur, et ce depuis l’origine. En effet, depuis le lancement de Fraîche Cancan en 2017, tous les plats que nous servons sont imaginés par nos chefs et nutritionnistes pour garantir le goût et l’équilibre, puis cuisinés par nos soins avant d’être livrés en entreprise. Néanmoins, plutôt que de les opposer, nous préférons dire que ces aspects sont complémentaires et nous permettent d’apporter le bien-manger en entreprise efficacement.
Food&coffee Markets : Le Covid semble avoir accéléré la demande d’une offre flex-food au bureau, quelle est votre vision de l’évolution de ce marché encore nouveau pour la France ?
Victoria Benhaim : La restauration collective traditionnelle continuera de servir des milliers de repas dans une entreprise. Une cohabitation avec la néo-restauration collective sera une norme et non plus une exception. Notre solution agile, évolutive est totalement adaptée et attendue dans les entreprises modernes, en écho à leurs politiques RSE.
Food&coffee Markets : i-lunch est devenu Fraîche Cancan, pourquoi ce renouveau et quels sont les piliers de vos offres et solutions ?
Victoria Benhaim : Quand j’ai créé i-lunch en 2017, nous étions disruptifs sur le secteur et positionnés sur le moment du déjeuner. Au sortir de la crise sanitaire et après 5 ans d’évolution, avec une croissance à 3 chiffres chaque année pour i-lunch, il était temps pour nous d’écrire un nouveau chapitre de cette aventure en faveur du bien-manger au travail. Nous sommes une entreprise française dynamique en plein développement, très engagée, proposant des plats colorés, du petit-déjeuner à l’afterwork. Par ce nouveau nom, Fraîche Cancan incarne parfaitement cet art de vivre à la française qu’on nous envie à l’international. Je voulais que nos racines françaises se retrouvent dans notre nom qui faisait peut-être un peu trop tech, au détriment de la food qui est finalement notre cœur de métier.
Si notre but depuis le début est de rendre la cantine désirable, loin des idées reçues, avec la volonté de réconcilier les salariés avec leurs assiettes, notre nouvelle signature vient renforcer cette identité, en véritable cri du cœur, affirmant un choix : je préfère manger à la cantine. Ainsi, manger à la cantine redevient un plaisir. Il nous fallait donc une nouvelle identité, pop, avec des partis-pris clairs à l’image de nos engagements, et dont le nom ne limite pas les instants de convivialité autour de bons petits plats maison. Fraîche fait ainsi écho au fait maison quand cancan renvoie à l’idée de la cantine et donc de la convivialité. Tout cela se retrouve dans les services que nous déployons, afin de couvrir tous les besoins en termes de restauration au travail. Nous proposons ainsi différentes offres modulables
● de Frigo Connecté : entre autonomie et praticité, chacun se sert quand il veut, 24/7, en s’identifiant sur le frigo.
● Cliqué-Livré : via un vaste choix de 25 recettes d’entrées, plats, desserts et snacking chaque semaine. Les équipes commandent leurs repas en ligne avant 10h pour une livraison tous ensemble à l’heure du déjeuner.
● Fraîche Cafet’ : un vrai lieu de vie pour ravir les papilles du petit déjeuner à l’afterwork, animé par un Foodista de l’équipe Fraîche Cancan, dans un esprit comptoir en toute convivialité, avec un large choix de concepts (bars à soupes, salades, fruits, sushis, poké…).
● Fraîche Traiteur : chaque prestation est personnalisée en étroite collaboration avec les entreprises afin de régaler les convives avec des plateaux repas, livraisons de fruits frais, snackings sains, machines à café bio….
Food&coffee Markets : Quels sont vos ambitions et les attendus des clients autour des solutions de restauration alternative ?
Victoria Benhaim : Quand on a l’ambition d’apporter le bien-manger, il est crucial de proposer des plats savoureux qui sauront ravir les papilles de nos convives tout en prenant soin d’eux. Notre démarche est globale : nous sommes engagés au service du bon, avec des produits de qualité, privilégiant le bio ou l’agriculture raisonnée, les produits locaux et en circuits courts. La transparence est nécessaire à notre sens pour rassurer, convaincre, et embarquer les entreprises et salariés dans notre démarche en faveur du bien-manger. La révolution de la cantine que nous imaginons ne peut pas s’écrire seule et c’est pour cela que nous avons pris de nombreux engagements RSE car bien manger ne doit pas se faire au détriment de la planète, ni de l’humain. Pour exemple, 100% de nos livreurs et préparateurs de commandes sont engagés en CDI et ce, depuis le début de Fraîche Cancan. D’ailleurs, si certains engagements tels que la réduction des pertes alimentaires sont possibles, c’est grâce à tout l’écosystème digital que nous avons développé, avec un algorithme prévisionnel de ventes entre autres, nous permettant d’anticiper les besoins en réassort pour produire au plus juste de la quantité qui sera consommée. La logique derrière Fraîche Cancan est finalement assez simple : à titre personnel, si je fais attention à ce que je mange chez moi, à l’origine des produits que je cuisine, à limiter le gaspillage, le tout sans me ruiner, pourquoi ne voudrais-je pas la même chose en entreprise ? Manger Fraîche Cancan, c’est se restaurer facilement avec des plats sains en accord avec ses préoccupations du quotidien, la charge mentale en moins, le choix en plus.
Food&coffee Markets : Le marché US a démarré sur les micromarkets et les vitrines connectées il y a plusieurs années déjà. Peut-on faire un parallèle avec le marché Outre Atlantique ?
Victoria Benhaim : En effet, il y a déjà de nombreuses success story sur ce continent sur des modèles proches du nôtre. Nous sommes sur la bonne voie pour que notre aventure soit dans ce sillage.