Et si la bataille de la restauration automatique ne faisait que débuter ?

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C’est la question qui mérite d’être posée sans tabous alors qu’elle apparaît pour beaucoup comme une arlésienne. En effet cela fait près de 30 ans que les professionnels de la distribution automatique tentent de grignoter une part d’estomac dans l’univers de la restauration hors foyer, principalement pour venir concurrencer le développement de la restauration rapide et surfer sur la tendance du snacking. Malgré ces efforts ils ne profitent que de la partie congrue du marché faute d’avoir su capter l’appétit des consommateurs ou plutôt piqué leur intérêt. 

Un marché en mutation

Cette situation est peut-être en passe d’évoluer à bien des égards. En effet plusieurs indicateurs militent pour un renversement de tendance. La première tient au fait que le Covid et ses répercussions ont mis à mal la restauration collective et ses grands acteurs qui ont vu la fréquentation des restaurants d’entreprise fortement reculer. Dans le même temps la restauration rapide quant à elle surfe sur une croissance forte avec un chiffre d’affaires en augmentation de plus de 40% entre 2019 et 2023 pour dépasser les 36 Mds €. Une croissance qui inquiète désormais car si elle reste portée par des grands acteurs comme Mc Donald ou Burger King elle s’est aussi diversifiée en termes de proposition (kebab, pizza, street food asiatique) et a vu l’arrivée de la boulangerie et des salons de café qui déclinent tous majoritairement une offre de pause déjeuner à emporter… Sans parler des plateformes de livraisons. La concurrence est de plus en plus rude à tous les niveaux avec des consommateurs à la fois exigeants, attentifs à leur pouvoir d’achat. D’aucuns dans les grandes agglomérations commencent à parler d’indigestion tant les enseignes et indépendant sont présents. À Paris ces derniers occupent déjà 5% des locaux commerciaux en pied d’immeuble.  Si bien que de plus en plus d’acteurs entendent se tourner vers la province qui bénéficie encore d’un horizon plus dégagé. Mais plus encore que la province ce sont les non-adeptes de la pause déjeuner qui représentent aussi une cible non négligeable. En effet ces derniers sautent tout simplement la pause faute de temps dédié ou plutôt la délaissent afin de vaquer à d’autres activités comme le sport, les courses voire gagner du temps sur la journée de travail. Cela représente selon les experts du marché entre 350 et 400 millions de repas, soit un vrai manque à gagner évalué à plus de 2 Mds € (entre 5 et 7% du CA de la restauration rapide).

La restauration automatique désormais en embuscade

C’est là que la vente non assistée et la distribution automatique peuvent trouver un regain d’intérêt. La raison est simple et tient aussi aux progrès du secteur. En effet le développement des vitrines connectées d’une part, la digitalisation du paiement comme des process d’achat d’autre part rendent l’expérience client plus simple et surtout plus fluide et conviviale. Parallèlement les approches matérielles proposent elles aussi des approches plus conviviales et une expérience client plus fluide via l’adoption d’écrans et de dalles tactiles, de vidéos et de paiements dématérialisés. L’automate food muni d’un ascenseur, la vitrine à vision totale, l’introduction des Smartfridges (frigos connectés) comme des unattended food solutions (micromarchés) militent pour un développement des ventes et des prestations. Une opportunité pour les opérateurs de Vending qui peuvent désormais élargir leurs offres en captant sérieusement un nouveau créneau porteur à savoir la pause déjeuner. Et l’approche peut paraître prometteuse. Car au-delà des 2 Mds € estimés sur les non-consommateurs il faut aussi comprendre que le marché de la restauration autonome peut aussi prendre son essor au sein des entreprises faisant appel à la restauration collective et souhaitant des solutions alternatives et autonomes. Si l’on considère que 20% dudit marché sont concernés, cela représente tout le moins 2 Mds € qui viennent en addition du potentiel précédemment cité soient 4 Mds d’euros ! Le jeu en vaut la chandelle ce qui explique l’appétit des différents acteurs de la restauration rapide, de l’agroalimentaire et donc du vending ainsi que les neo-cantines et autres acteurs de la Foodtech ces dernières années. Ainsi Picard s’est-il lancé depuis cinq ans déjà dans une logique de restauration automatique. Une logique qui n’est pas l’apanage du champion français des produits surgelés puisque l’allemand Hoffman s’est lui aussi positionné Outre-Rhin sur ce créneau via des vitrines surgelées et non pas des DA surgelés. Les géants de la restauration collective ont bien aussi senti le danger et développent en sus de leurs offres des extensions via des vitrines connectées avec plus ou moins de succès. Aux US Subway s’attaque à la restauration en mode nomade via un projet de DA à sa marque. La Foodtech pour sa part connaît une crise de croissance. Les concepts initiés sur des approches technologiques et à grand renfort de levées de fonds semblent à l’heure actuelle à bout de souffle. Leur santé économique est loin d’être glorieuse. Ces dernières se sont initialement concentrées sur la prise de parts de marché et sont aujourd’hui confrontées à la nécessité de rentabiliser leur activité et l’exploitation. Une réalité qui a conduit à des recentrages chez bon nombre d’acteurs voire des liquidations pour d’autres. L’heure est à la rationalisation et le focus se porte plus sur la rentabilité que sur le cash-burning.

La pause déjeuner hors du domicile devient un enjeu pour l’ensemble des acteurs souhaitant capter des nouvelles parts d’estomac. Les solutions sont multiples, la concurrence également. La vente automatique est aujourd’hui un enjeu pour qui entend apporter une logique alternative, rapide et nomade. Les tâtonnements de la restauration connectée / cantines 2.0 ces dernières années ont mis en évidence le potentiel du marché mais également les freins à lever. Une situation qui place les professionnels de la DA en face de nouvelles opportunités ? Reste à ces derniers de travailler le sujet en France comme le font déjà leurs homologues européens selon la dernière étude EVA. La DA peut aujourd’hui capter la pause déjeuner en plus de la pause-café.