C’est une petite révolution qui vient de se produire sur le marché de l’Union Européenne. En effet les états membres ainsi que le Parlement européen se sont entendus pour interdire désormais l’importation de matières premières contribuant à la déforestation dès lors qu’elles ne sont pas traçables. L’objectif clairement ciblé est d’empêcher que les citoyens de le Communauté européenne ne contribuent par leur consommation à la destruction des forêts tropicales à l’autre bout du monde. Cette démarche volontaire entend mettre de l’ordre et une logique écologique de nombreuse matières premières. C’est notamment le cas du caoutchouc, du café, du cacao, de l’huile de palme, de la viande bovine mais aussi le soja. Une logique qui entend s’appliquer pour les cultures issues de forêts déboisées légalement ou non après décembre 2020. Au travers de cette approche, l’UE entend préserver les forêts tropicales et primaires qui sont menacées aujourd’hui par les pratiques d’extension des cultures dans les pays producteurs. Une pratique qui selon l’estimation de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a conduit entre 1990 et 2020 à la disparition de près de 420 millions d’hectares, soit une surface plus vaste que le territoire de l’UE elle-même. EN 2017, le WWF estimait que les importations de l’Union Européenne ont contribué à 16% de la déforestation, derrière la Chine (24%) mais devant l’Inde et les USA.
Concrètement, les entreprises engagées dans le commerce de ces matières premières sont considérées comme responsables de leur sourcing et de leur approvisionnement. Elles devront donc prouver la traçabilité des importations via de la géolocalisation et des peuvent satellitaires sachant que les contrôles vont être particulièrement fréquents dès lors qu’il s’agira de régions sensibles au risque. Une logique d’amendes pour dommages environnementaux est, du reste, prévue pour accompagner le dispositif, le rendre crédible, efficace et dissuasif en cas de manquements. « Il s’agit d’une première dans le monde ! C’est le café du petit-déjeuner, le chocolat que nous mangeons, le charbon dans nos barbecues, le papier de nos livres. C’est radical », a déclaré Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen. Rappelons que cette initiative de texte est issue d’une consultation populaire au sein de l’UE sur le thème de la déforestation et traduit la volonté des citoyens européens de ne pas contribuer à la déforestation au travers des produits qu’ils consomment.