» J’ai souhaité rendre la Fédération NAVSA plus proche de chacun « 

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Il est une figure de la profession. Chacun connaît ses propos directs, sa détermination et a pu découvrir son engagement de tous les instants pour défendre un métier. Pierre Albrieux a la distribution automatique chevillée au corps. Si le salon vending Show Paris avance à grands pas et sera à n’en pas douter un rendez-vous incontournable pour les professionnels, cet évènement marquera aussi le renouvellement du Bureau de la Fédération. Ce sera aussi le moment pour Pierre de passer le témoin et, à ce titre, il nous accorde un entretien sans fard. 

F & CM : Investir du temps dans la Fédération est un sacerdoce ?

Pierre Albrieux : C’est plutôt un engagement de longue haleine. Je termine cette année mon troisième mandat et ce sera le dernier à la tête de la Fédération. Je parle d’engagement car j’ai été auparavant Vice-Président de Jean Marc Nigond après avoir siégé au conseil d’administration… Ce qui m’a permis de prendre la mesure des enjeux d’une fédération professionnelle comme Navsa et ils sont nombreux. Pendant mes différents mandats, et particulièrement les deux derniers, nous avons dû faire face à des situations de crise inédite. Je veux bien entendu parler de la crise Covid, qui a durement affecté les professionnels de la distribution automatique, mais également la mutation du gobelet plastique vers le gobelet carton qui reste un sujet d’actualité car elle va encore nous impacter dans les années à venir avec la réduction du taux de matière plastique contenu dans les gobelets automatiques et à terme sa disparition. Ces derniers mois nous faisons face, comme bien des industries et professions à une pression inflationniste sans commune mesure qui affecte le quotidien des consommateurs mais également des gestionnaires confrontés à une hausse sans précédent des coûts d’exploitation. Nous avons été confrontés à une succession de crises ouvertes. Navsa s’est tenue aux côtés des professionnels de manière quotidienne et a fait front de manière volontaire. Ce fut un combat que nous avons su mener de manière pérenne avec des résultats notables et tangibles pour chaque gestionnaire. Cet engagement, je l’ai conduit et accompagné. Je tiens avant tout remercier Alessandro Rampoldi et Florent Moreau qui m’ont accompagné, épaulé en qualité de vice-présidents de même que l’ensemble du Bureau.

F & CM : Les menaces restent présentes ?

P.A. : Notre métier est aujourd’hui confronté effectivement à des problématiques qui risquent d’impacter encore une fois son quotidien. Le premier enjeu est environnemental et concerne la poursuite de la transition vers le gobelet 100% carton. C’est un enjeu ce d’autant plus que l’Europe tente de légiférer et il convient d’être particulièrement attentifs aux positions qui peuvent y être avancées. Derrière la problématique du gobelet se pose de manière plus globale la notion du recyclage de ce dernier voire de sa consigne. Le recyclage concerne aussi le marc de café. Je parle d’enjeux écologiques et je dois faire aussi allusion aux zones ZFE. Je constate que désormais les politiques se sont emparés du sujet et ont bien compris les difficultés voire l’impossibilité pour bon nombre de métiers de pouvoir se confronter aux initiatives qui voient le jour. En ce qui nous concerne il faut bien comprendre d’une part l’incapacité de la profession à électrifier de manière rapide la flotte de véhicules et d’autre part le coût exorbitant associé à cette logique. D’autres dossiers se profilent aussi pour chaque professionnel comme la logique Nutrition-Santé. Nous sommes confrontés à des demandes de plus en plus pressantes visant à modifier le contenu des automates. Encore une fois, il me semble que la distribution est stigmatisée et Navsa entend bien se battre afin que l’on ne nous contraigne pas à faire évoluer par la loi le contenu des DA si d’autres professions comme les boulangers, la distribution de proximité et la GMS ne font pas de même. Je tiens à souligner que l’interdiction des DA dans les écoles n’a rien résolu. Les écoliers ont toujours accès aux produits via d’autres canaux comme les boulangeries, la GMS voire la vente au sein même des écoles via la reconstitution de foyers des élèves. Le rôle de la Fédération ne peut pas se déconnecter de la réalité au profit d’utopies politiques et de positions hors-sol.

Ce fut, et c’est encore mon combat, afin d’ancrer notre action dans le quotidien. Je crois que nous avons montré maintes fois notre légitimité à représenter l’ensemble de la filière. C’est bien Navsa qui a obtenu l’inscription de la distribution automatique en tant que profession dans la liste S1-bis lors des heures sombres de la pandémie Covid ? Cette mesure a permis à bon nombre de sociétés de gestion de profiter des aides de l’Etat et ce même si elles n’étaient pas membre de la Fédération. Nous avons défendu sans différenciation et sans arrière-pensée l’ensemble des professionnels. Je constate que certains ont aujourd’hui la mémoire courte et ne nous ont pas rejoints. Je ne peux que le déplorer et les engager à nous rejoindre.

F & CM : Cette année est aussi placée sous l’égide du salon Vending Show Paris

P.A. : Nous avons en effet tenu à remettre la distribution automatique sur le devant de la scène. Le métier se doit d’avoir une vitrine professionnelle et à valoriser ses savoir-faire. Comme chacun le sait j’ai souhaité dénoncer le contrat qui nous liait par le passé avec Reed Exposition afin que Navsa soit propriétaire de sa manifestation. Nous avons travaillé et développé un partenariat avec Venditalia Servizi qui opère le salon. Cette collaboration avec Navsa engendre des synergies positives et je tiens à remercier d’une part Venditalia Servizi pour la mise en place de la manifestation, sa commercialisation à l’international et d’autre part Edyevent pour la commercialisation auprès des professionnels français. Le salon s’annonce d’ores et déjà comme un rendez-vous pour les professionnels français mais également internationaux. Nous ne pouvons que nous féliciter et nous donner rendez-vous à Paris les 21, 22 et 23 juin prochains.

F & CM : Vous souhaitez transmettre le témoin à la présidence de la Fédération. Que souhaiteriez-vous dire à votre successeur ?

P.A. : Je garde pour mon successeur la teneur de nos futurs échanges. Pour autant je peux vous partager le fait que j’ai voulu une Fédération plus proche et plus humaine. Je remercie l’investissement sans faille des membres du bureau actuel qui va lui aussi être renouvelé. Lors du Forum de la DA de Deauville j’ai fait un appel visant à donner  » l’envie d’avoir envie  » et je constate compte tenu des candidatures qu’il a porté ses fruits. La Fédération doit continuer à se battre de manière concrète, à rassembler et servir toujours plus et de manière plus efficace et de manière très humble et concrète.

J’ai, lors de mon premier mandat, un peu choqué lors d’un discours mes auditeurs (certains s’en rappellent encore) en insistant que le devenir de la profession passait par des sociétés fortes, des pratiques commerciales saines axées sur la valorisation de nos prestations et non pas par des luttes tarifaires infructueuses. Je ne renie pas le fond de ma pensée car elle m’anime encore aujourd’hui. La forme a pu interpeller et je le comprends avec le recul des années passées. Pour autant je constate aujourd’hui que le sujet de la viabilité de nos entreprises reste toujours aussi brûlant. Le Covid d’une part, la nécessité de rembourser les PGE dans un contexte inflationniste fort et économiquement incertain doit nous pousser à valoriser au mieux nos prestations. Le vending va être confronté à un passage de génération avec des chefs d’entreprise qui seront appelés à transmettre leur activité. Je rappelle que cela ne pourra se faire que si leur activité est saine et l’entreprise profitable.

Vous avez évoqué ma succession à la présidence de la Fédération. Elle est souhaitable après trois mandats. Je n’ai pas de doutes quant à la capacité de mon successeur à poursuivre le travail entamé. Il est temps pour moi de me ménager et me concentrer sur ma santé. Je mène depuis plusieurs mois une rude bataille (encore une !) qui accapare beaucoup d’énergie. Je reste par nature un combattant et je dois désormais relever ce nouvel enjeu. Enfin en tant que président d’honneur de la Fédération je resterai présent et à disposition du nouveau bureau.