Anne Caron entend rester « volontairement » optimiste quant aux répercussions de la crise sanitaire et économique qui en découle. Selon elle la reprise va être progressive mais surtout va nécessiter de rassurer et convaincre la clientèle et garantir la consommation de manière sûre sur les distributeurs automatiques. 

Food&Coffeemarkets : Comment avez-vous abordé la logique de confinement ?

Anne Caron : Nous avons eu la chance d’être sensibilisés à la menace. Ayant obtenu la certification OSHAS 1800, nous étions attentifs à la situation. Nous sommes restés pragmatiques et avons via le CSE, mis en place avant même le confinement des mesures préventives vis-à-vis de nos personnels et de notre activité. Nous avions de même anticipé les démarches administratives afin de prévoir un éventuel chômage partiel des équipes. Le télétravail s’est mis en place et nos cellules étaient équipées de solutions portables et de liaisons sécurisées VPN pour faire face aux risques. Les équipes d’encadrement se sont organisées de manière à garantir une poursuite de l’activité. 

F&CM : Comment avez-vous passé cette période ? 

A.C. : De manière organisée et professionnelle. Si le discours du Président de la République Emmanuel Macron et l’annonce du confinement ont été soudaines et rapides, nous avions pris le soin d’auditer les automates et de faire le relevé des caisses de manière à également faire une mise en veille du parc machines. Nous nous sommes beaucoup investis dans l’anticipation afin de préserver la pérennité opérationnelle de l’entreprise et limiter les situations d’urgence. Les équipes malgré le chômage partiel d’une bonne partie de l’entreprise se sont relayées pour assurer une continuité de service.  

F&CM : Que vous a appris cette crise sanitaire ?

A.C. : Le premier enseignement est que nous sommes bien peu de choses et qu’il incombe de rester humble. Je crois que désormais il conviendra de rester plus attentif aux signaux faibles et savoir se placer dans l’anticipation des risques. Qui aurait pu imaginer que l’économie française pouvait être « mise en pause » ! C’est un scénario qu’aucun ne pouvait prévoir et pourtant nous l’avons tous subi. De manière plus générale, je crois que les entreprises françaises ont fait un bond de 5 ans en termes de télétravail et d’organisation de l’activité. Cette situation nous importera nous professionnels de la distribution automatique qui n’avons pu que constater l’évanouissement en quelques jours d’une grande partie de l’activité. Enfin et je tiens à le souligner je sais désormais que j’ai une super équipe chez Caron et je tiens à remercier chacun pour son investissement et son engagement ces dernières semaines. 

F&CM : Comment abordez-vous le déconfinement ?

A.C. : Nous avons essayé tant que faire se peut, de rester dans une logique d’anticipation. Nous avons rédigé un livre blanc à l’attention de nos clients afin de leur présenter les mesures que nous entendons mettre en place pour accompagner le déconfinement de manière concrète. Il y a de manière naturelle et humaine une certaine panique de la part des personnes en charge d’organiser la reprise au sein des entreprise et bien souvent les distributeurs automatiques sont le cadet de leur souci. Nous rencontrons des refus de réactiver les salles de pause et les distributeurs automatiques. Nous prenons le temps de rentrer en contact avec chacun pour aborder cette possibilité et de garantir une consommation sur les machines, sûre et autour de la logique du respect des gestes barrières. Nous devons tout rétablir un lien de confiance face aux angoisses que la reprise du travail peut provoquer pour les organes directionnels qui bien souvent préfèrent rester très prudent. Nous cherchons à nous faire entendre mais toujours dans une logique de dialogue serein. Ce travail va néanmoins s’inscrire au cas le cas dans la durée mais portera ses fruits au fur et à mesure de la reprise. 

F&CM : Selon vous les consommateurs et les clients sont-ils prêts à retourner aux machines ?

A.C. : Je crois que la vision des consommateurs à évolué pendant ces semaines de confinement. On constate un retour à la consommation de proximité, une certaine volonté de privilégier les produits locaux, artisanaux. Pour exemple Caron a réouvert ses trois boutiques de vente au détail à Paris assez tôt. Nous avons retrouvé avec plaisir nos clients mais également des nouveaux adeptes du café de spécialité. Peut-être se sont-ils donné plus de temps pour essayer et découvrir des produits et des commerces de proximité. En ce qui concerne des offres en entreprise, je reste persuadé que la pause-café est essentielle. Néanmoins, je pense que nous allons rapidement constater que le travail en entreprise et son organisation rentrent dans un cycle nouveau. Pour nous qui restons des prestataires le service, cela va prendre tout son sens. Il va falloir regarder demain avec un œil neuf.

F&CM : Quelles sont vos prévisions d’activité d’ici la fin de l’année ?

A.C. : Il ne faut pas à l’occasion de la reprise sous-estimer l’impact économique que va induire la crise sanitaire. Nous allons avoir le mal d’ici la fin de l’année à mon sens à retrouver les niveaux de consommation d’avant le mois de mars. Il incombe de fait de bien adapter nos réponses et retrouver la confiance des clients et l’accès aux consommateurs. Il faut donc rester volontairement optimistes dans un contexte nouveau qu’il va falloir appréhender.

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